03/09/2025

Décryptage : le programme EVARS

Le programme d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité de l’Éducation nationale est entré en vigueur à l’occasion de la rentrée 2025. Qu’en est-il réellement ? Décryptage.

La rentrée 2025 voit la mise en place de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle dans les établissements scolaires et dès la maternelle. Si des interventions d’éducation affective, relationnelle et sexuelle étaient prévus depuis loi de 2001 et la circulaire de 2003, leur mise en œuvre était loin d’être systématique faute d’intervenants qualifiés et de cadre programmatique explicite. Il s’agit désormais de cours obligatoires dans le temps scolaire, avec un programme en 3 séances annuelles, de la Maternelle à la Terminale. Le programme concerne aussi l’Enseignement catholique privé sous contrat.

 

Les aspects positifs du programme

L’intervention de l’école en ces domaines n’est pas illégitime en soi. Les parents sont parfois mal à l’aise avec le sujet de la sexualité, et peuvent avoir du mal à l’aborder avec leurs enfants. Pourtant les pères et mères jouent un rôle essentiel en ce domaine qui touche à l’intimité, à la conscience et aux choix de vie. C’est la raison pour laquelle ils doivent être consultés. Il vaut mieux qu’ils parlent eux-mêmes avec leurs enfants plutôt trop tôt que trop tard, voire trop tard que jamais. Il faut éviter que l’éducation affective et sexuelle se fasse avec les réseaux sociaux ou les sites pornographiques. Pour en parler simplement avec votre enfant, des intervenants en EARS vous donnent quelques astuces en vidéo et sur notre chaîne YouTube.

Le programme EVARS prévoit seulement que les parents soient avertis « des objectifs de l’année ». C’est insuffisant. Ils devraient savoir ce qui va être transmis, à quelles dates et pouvoir donner leur accord. Il ne s’agit pas de l’enseignement du théorème de Thalès ou des tables de multiplication mais du respect de la liberté de conscience des familles.

Ce programme comporte toutefois des aspects positifs et des objectifs utiles et bénéfiques. On citera notamment l’éducation à l’intimité et au respect mutuel, la lutte contre la pornographie et la prostitution des mineurs, la prévention du harcèlement en ligne et les situations d’abus, l’utilisation de la littérature pour aider à la réflexion.

Il reste que ce programme tel qu’il est comporte de nombreux points négatifs.

 

Une absence de différenciation des sexes

Au prétexte de lutter contre les stéréotypes de genre, il prône une égalité qui confine à l’égalitarisme et à l’indifférenciation. Le mot de « genre » est très peu utilisé mais c’est bien de cela dont il s’agit. Aucune réponse ne pourra être donnée aux questions des enfants ou des jeunes quant aux différences que ceux-ci observent entre les sexes puisque, hormis aux plans physique et physiologique, ces différences sont censées ne pas exister. La vocation de chacun garçon ou fille, homme ou femme appelé à la paternité ou à la maternité est absente.

 

Les parents, de simples « adultes de confiance »

La place des parents est invisibilisée : ils sont vus comme des adultes de confiance parmi les autres, sans rôle particulier. L’objectif annoncé est de repérer les situations d’inceste. Ambition louable mais est-ce le rôle de l’école ? Souhaitons nous qu’à côté de ses multiples missions l’école s’attache à dépister les familles « suspectes » ? Et sur quels critères ? Irons-nous vers une société du soupçon ?

 

La norme du consentement et le primat des émotions

Le programme prévoit d’éduquer au consentement et ce de manière insistante. Par exemple, les élèves apprendront à demander la permission avant de s’asseoir à côté d’un autre enfant. Le consentement est bien sûr nécessaire mais reste très insuffisant. Chacun sait que le phénomène d’emprise peut engendrer des situations d’abus. Une personne abusée pourra-t-elle encore se reconnaître victime ? D’autant que les émotions sont, dans ce programme, la norme indépassable pour consentir. Ainsi de cette compétence à acquérir en 5ème : « Comprendre que l’attirance et les sentiments amoureux permettent de prendre conscience de son orientation sexuelle ». Ce sont les émotions et les ressentis qui tiennent lieu de référence.  Or, les émotions sont par nature labiles et évolutives. Apprendre aux jeunes à les reconnaître et les nommer est souhaitable, mais on attend surtout de l’école qu’elle enseigne aux enfants qu’au-delà des émotions, la raison et la réflexion permettent de se comprendre et de se situer dans le monde.

 

La procréation, grande absente du programme

A l’exception de la moyenne section de maternelle, les enfants n’entendront pas parler de la fonction reproductive de la sexualité et de la venue au monde de nouvelles vies. Les enfants sont pourtant avides de connaitre d’où vient leur propre vie ! Alors que la natalité s’effondre, susciter curiosité et admiration pour la grossesse et la naissance serait bienvenu.  Par ailleurs, on a presque totalement oublié ce qui nous préoccupait il y a seulement 20 ans : prévenir les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles (IST). Nous avons le taux d’IVG le plus haut d’Europe et les IST, grandes pourvoyeuses d’infertilité, n’ont jamais été aussi élevées.

 

Le respect des convictions des parents

On peut aussi s’inquiéter de l’intervention dans les classes d’intervenants extérieurs – fussent-ils agréés par l’Éducation nationale ! – venant d’associations militantes aux idéologies pas forcément partagées par les parents. Par ailleurs, si ce sont les enseignants qui assurent la formation, comment seront-ils eux même formés ? Pour soutenir les familles, les AFC ont lancé en 2018 Grandir et Aimer, une formation pour que les adultes puissent intervenir auprès des enfants de 8 à 11 ans sur le sujet de l’EVARS.

 

 

Sous bien des aspects, ce programme correspond à une éducation comportementaliste qui dessine une vision de la sexualité comme une consommation consentante mutuelle. Nous souhaitons transmettre une sexualité riche de sens dans le don réciproque des conjoints et ordonnée à l’amour mutuel et la transmission de la vie. Si l’éducation affective est toujours nécessaire, il est primordial qu’elle soit faite en lien avec les parents, premiers et principaux éducateurs de leurs enfants, et qu’elle permette aux enfants de s’émerveiller devant la beauté de la vie naissante, sans la réduire au seul prisme des émotions et du consentement.

 

Que peuvent faire les parents ?

 

  • Chaque famille doit se préoccuper de l’éducation affective et sexuelle de ses enfants en donnant des informations progressives, adaptées à chaque âge, montrant que la sexualité est pour l’amour du couple et la venue de la vie. Ces informations viseront à susciter l’admiration et à tracer un chemin de bonheur pour chaque enfant. On pourra s’aider du livre « Lucas et Léa, le cours de la vie » pour les 7-11 ans ou des webséries du même nom.
  • Un certain nombre d’associations peuvent aider les familles sur ces questions : Grandir et aimer des AFC, le CLER, TeenSTAR, Cycloshow, Mission XY… Certaines proposent aussi des formations pour les parents eux-mêmes afin de les aider sur cette question sensible.
  • Les réunions scolaires de rentrée sont utiles pour savoir ce qui est prévu dans la classe, avec quels intervenants et à quels moments afin de pouvoir dialoguer avec son enfant. Ces réunions ainsi que tous les contacts avec l’école sont l’occasion de faire part des questions ou inquiétudes quant au programme EVARS.
  • Adhérer aux AFC pour que leur voix soit porté au niveau des institutions publiques

Pour une vraie éducation à l’amour, les AFC agissent !

 

En représentant les familles dans la société 

  • Un recours des AFC au Conseil d’Etat est en préparation afin que les représentants des parents d’élèves soient consultés pour choisir parmi la multiplicité des sujets à aborder ceux qui seront traités dans chaque classe, sous quelle forme et avec quels intervenants. Notre démarche vise à rendre effective la complémentarité avec « le rôle des parents et des familles » mentionnée dans le programme.
  • Les AFC portent la voix des famille et sont reçues par le ministère de l’Éducation Nationale, (en avril et octobre 2025 – à venir).
  • Les AFC ont écrit une lettre ouverte à la Ministre de l’Éducation Nationale, « Parents invisibles, enfants en danger » pour alerter sur l’invibilisation des parents dans le programme EVARS, l’omniprésence du genre, et l’instrumentalisation des émotions, en novembre dernier.

 

En proposant des ressources aux familles pour les soutenir dans l’éducation affective, relationnelle et sexuelle de leurs enfants :

  • Les formations Grandir et Aimer permettent depuis 2018 à des parents de se former en EARS pour intervenir auprès d’enfants de 8 à 12 ans et répondre à leurs interrogations. 1640 enfants en ont déjà bénéficié !
  • Les AFC ont édité un livret à destination des parents : 12 questions à se poser sur la pornographie.
  • Le livre Lucas et Léa, qui permet aux parents d’aborder simplement le thème de la transmission de la vie, de la conception à la naissance, avec ses enfants.
  • Lucas et Léa, le cours de la vie est une websérie pédagogique sur l’EARS destinée aux enfants (à partir de 8 ans) et à leurs parents.

Pour donner plus d’ampleur à nos actions soutenez-nous en faisant un don.

 

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