12/09/2019

Education corporelle : faire émerger le meilleur de la personne

L’éducation intellectuelle, morale ou spirituelle est une chose acquise pour beaucoup de parents, mais ils peuvent être démunis pour ce qui est de l’éducation corporelle. Les AFC s’entretiennent avec des parents à ce sujet.

Qui sont-ils ?

Marie-Gabrielle Ménager est fondatrice des forums Wahou ! et du parcours Grammaire pour la vie*. Elle a récemment été nommée avec son mari consultrice auprès du Dicastère laïc pour la famille et pour la vie.

Thibault Lemoine est assureur, père de trois filles et membre des AFC.

Education rime souvent avec développement de l’intelligence, mais on néglige le corps. Quelle doit être la place du corps dans l’éducation ?

Marie-Gabrielle Ménager – Si éduquer, c’est faire émerger le meilleur de la personne, alors on ne peut pas laisser le corps au placard ou sur le côté de la route. Je suis mon corps ! Et c’est toute ma personne qui est appelée à être accompagnée sur un chemin de croissance. Nous sommes tous appelés à comprendre que c’est avec, et par notre corps, que nous pouvons nous réaliser en cheminant vers le don de notre personne.

Thibault Lemoine – Nous formons une unité physique et psychique. À l’image de l’écologie intégrale, l’éducation apportée à nos enfants doit être intégrale : corps, coeur, intelligence… Tout est lié ! Nous adaptons l’éducation du corps en fonction de l’âge de nos enfants et des évènements de la vie avec l’aide, parfois, de livres. Il ne s’agit pas de donner un enseignement trop théorique.

« J’invite tous les parents, et particulièrement les pères de famille, à assumer leur rôle dans l’éducation à la conduite du corps. » Thibault Lemoine

Selfie, culture narcissique des réseaux sociaux, culte de la performance : comment trouver un équilibre dans l’éducation entre la négligence du corps et sa survalorisation ?

M.-G. M. – Il y a en nous ce désir d’aimer et d’être aimé. Mais, à cause de nos limites, de la culture ambiante et surtout du refus du projet de Dieu pour nous, nous ne parvenons pas facilement à nous accueillir comme un don reçu de Dieu fait à nous-mêmes pour être donné aux autres. D’où ces extrêmes où on se surexpose avec des artifices qui nous survalorisent. Accueillir sa propre personne est une tâche à accomplir et se transmet dans l’éducation.

T. L. – Apprenons à nos enfants à prendre soin de leur corps comme une culture bio. Le labourage est à l’image de l’exercice physique tandis que le désherbage manuel est à l’image du corps qui ne s’aliène pas. Ainsi, leur corps est à l’image des fruits bio récoltés, avec des imperfections, mais authentiques – tout enrespectant leur nature. Il s’agit parfois simplement de leur rappeler qu’il y a un temps pour manger, pour bien dormir, pour faire du sport.

Parents, formateurs, accompagnateurs pastoraux, professeurs… Sont-ils assez sensibilisés à la place du corps qu’ils doivent donner et enseigner dans leur propre mission ?

T. L. – Je ne pense pas que la majorité soit sensibilisée. Il peut y avoir un simple désintérêt ou une certaine hésitation et une pudeur à s’exprimer sur le thème du corps et de la chasteté. Selon la définition du YouCat, la chasteté est une « vertu par laquelle une personne qui aime réserve son désir érotique consciemment et résolument pour l’amour et refuse la pornographie médiatique et l’usage de moyens dont la fin n’est que la satisfaction égoïste ». Il n’est jamais trop tard pour se former, car sinon, la société matérialiste inculquera sa propre doctrine de consommation du corps, qui se révèle néfaste pour l’unité du corps avec notre esprit et notre âme.

M.-G. M. – Je pense pour ma part qu’il commence à y avoir une très légère prise de conscience. C’est une très bonne nouvelle. Mais beaucoup de ces adultes sont eux-mêmes mal à l’aise avec ce sujet. Ce qui ne rend pas la transmission facile. Je pense qu’ils doivent d’abord, eux-mêmes, retrouver le sens de leur corps. Il en va de l’équilibre de nos enfants. Comme le dit le pape François, « si, dans les écoles, on donne une éducation sexuelle imprégnée de colonisations idéologiques, on détruit la personne » (28 janvier 2019 dans le vol Panama-Rome).

« C’est toute ma personne qui est appelée à être accompagnée sur un chemin de croissance. » Marie-Gabrielle Ménager

Dans la vie quotidienne, notre modèle et notre propre éducation au corps sont-ils déterminants pour l’éducation de nos enfants ?

T. L. – J’invite tous les parents, et particulièrement les pères de famille, à assumer leur rôle dans l’éducation à la conduite du corps. Notre modèle de parents est primordial, n’oublions jamais que nous sommes le premier exemple pour nos enfants. En tant que père, si je respecte simplement la nature de mon propre corps, mes filles préféreront les garçons authentiques que les dragueurs en recherche de trophées !

M.-G. M. – Nous accueillir nous-mêmes est nécessaire pour pouvoir nous considérer comme un bien pour les autres, et pour pouvoir nous donner. Il y a une véritable éducation à l’amour qui passe par notre exemple, mais aussi par la transmission du beau projet de Dieu pour chacun de nous dans notre corps. C’est ce qui est proposé dans le parcours de formation de Grammaire de la vie*.

*La Grammaire de la vie est un parcours de formation pour tous qui permet d’apprendre à aimer en vérité et à cheminer dans la joie du don pour participer au « Rêve de Dieu ». Les transmetteurs sont particulièrement concernés, où ils se trouvent : en famille, auprès de groupes de jeunes, au cours du catéchisme, à l’aumônerie, pour la préparation au mariage, au baptême…Le parcours donne des outils qui peuvent être aisément utilisés. (www.grammairedelavie.fr ; 06 62 15 45 09)

Crédit image : Adobe Stock

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