L’euthanasie de retour
Chronique des AFC sur RCF le mardi 2 mars
La question de l’euthanasie est revenue dans la presse ces derniers jours. Plusieurs propositions de loi différentes ont été déposées, l’une au Sénat, quatre autres à l’Assemblée nationale. Une offensive législative concomitante a donc lieu en ce moment dans les deux Chambres. Le texte déposé au Sénat a déjà été examiné en Commission début mars et il a été rejeté. D’ailleurs à cette occasion, Olivier Véran a exprimé l’absence de soutien du gouvernement à cette question et sa préférence pour une évaluation de la loi Claeys Léonetti et un développement des soins palliatifs.
Un premier texte viendra en discussion à l’Assemblée le 8 avril. Il a déjà le soutien de poids de la présidente de la commission des lois. L’opposition du gouvernement risque donc d’être plus difficile à maintenir.
Quelle que soit l’issue de ces textes, ils permettent d’entretenir l’idée de l’euthanasie et de la faire progresser dans l’opinion publique en vue d’en faire un sujet de la campagne pour les présidentielles.
Nous ne pouvons que constater que les pays qui ont légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté ont tous vu une multiplication des dérives soit illégales soit avec des limites légales sans cesse repoussées : euthanasie des mineurs, de personnes souffrant de dépression, de polypathologies ou projet d’euthanasie pour les personnes démentes, comme en Belgique. Quand on enlève les interdits, il n’y a plus de limite !
Notre société qui n’a plus de vision transcendante de la personne humaine n’accepte plus la fragilité, la maladie, le handicap ou la mort. L’euthanasie est un fantasme : celui de tuer la mort elle-même ! Nous nous débattons contre cette fatalité alors que la pandémie aurait dû nous ramener au réel de notre condition humaine. Nous sommes fragiles et dépendants mais l’Homme est aussi capable de passer infiniment, et c’est ce qui fait son immense dignité. Ces étapes de la vie sont l’occasion d’un surcroît d’attentions et de dévouement pour ceux que nous aimons. À rebours de la société du “jetable”, cette attitude tisse une société de la solidarité, de l’attention aux plus fragiles et de la générosité. C’est ce que promeuvent les soins palliatifs.
Nous sommes tous concernés par cette question de la fin de vie : quel monde voulons-nous vraiment ?