03/10/2022

Valorisons le positif pour sortir de la crise

Il est parfois difficile pour les parents d’accompagner leurs adolescents ou grands jeunes, marqués par la période du Covid.

Il est parfois difficile pour les parents d’accompagner leurs adolescents ou grands jeunes, d’autant que leur génération a été marquée par la période du Covid. Les conseils de Priscille de Thé, psychologue clinicienne et thérapeute psychocorporelle.

 

Quel diagnostic les psychologues font-ils sur la santé mentale des jeunes après le Covid ?

Il y a un consensus pour dire qu’il y a de la souffrance. On observe une nette augmentation des hospitalisations et des passages à l’acte (suicides ou tentatives de suicides, comportements agressifs, fugues…), et des formes d’états dépressifs. Les psychologues en parlent beaucoup, à l’instar de Marie-Estelle Dupont, en première ligne pour alerter le grand public sur le mal-être des jeunes. Ce dernier est la conséquence de la crise elle-même, dans son côté brutal et inédit, et de sa gestion, qui a engendré beaucoup de débats et d’incertitude. Aujourd’hui, où nous vivons une sorte de contrecoup, ce mal-être est encore plus visible, avec de vraies lacunes sur le plan scolaire et une difficulté fréquente chez les jeunes à s’orienter et à se projeter dans l’avenir. Cette situation est préoccupante.

Comment recommandez-vous à leurs parents d’être attentifs ?

Les jeunes sont – et nous sommes tous – aujourd’hui dans un état émotionnel marqué par le caractère traumatique de cette période. Celui-ci a été d’autant plus difficile à surmonter que l’incertitude permanente nous a souvent empêchés de mettre des mots sur cette expérience. Les jeunes et leurs parents peuvent se demander ensemble ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont trouvé difficile dans cette crise, mais aussi ce qu’ils y ont appris et ce qui a compté pour eux! Quand ils sentent un malaise chez leur ado, les parents peuvent lui parler, en mettant des mots sur la souffrance qu’ils perçoivent. Certes, l’adolescence n’est pas toujours le moment où ils sont le mieux entendus. Aussi, il ne faut pas se décourager et rester présents. Il est bon également de valoriser ce qui est positif et de savoir, parfois, faire un pas de côté, de remettre de la fête, du rire et de la légèreté dans la vie de famille, par un moment “gratuit” ou un week-end au vert.

Quand faut-il vraiment s’inquiéter et demander de l’aide ?

Il faut être vigilant quand on observe des changements relationnels, quand le jeune a du mal à retrouver l’envie de sortir ou de voir du monde, ou, qu’au contraire, il devient agressif; et s’inquiéter quand cette situation se répète ou s’inscrit dans la durée. Un sommeil perturbé ou des comportements addictifs doivent aussi alarmer, qu’ils soient relatifs aux écrans, à l’alcool ou à l’alimentation. Quand on propose à son enfant d’aller consulter un psychologue, il est bon de lui laisser une marge de manœuvre dans la démarche et dans le choix du praticien. La confiance que lui manifestent ses parents en lui laissant cette liberté va lui être particulièrement bénéfique et sécurisante, car au fond, cette démarche ne peut venir que de lui. Enfin, que les parents n’hésitent pas eux-mêmes à faire un travail sur eux ne serait-ce que pour accepter la situation de leur enfant. Cela ouvrira cet espace intérieur nécessaire à toute relation et ne pourra avoir que de bonnes répercussions sur le jeune. Vivons toute crise dans la confiance: si chacun veut bien prendre sa part, elle permet de grandir, car elle est le lieu de la révélation et de la décision.

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