27/05/2020

Réflexion spirituelle : les proches aidants

La situation des aidants familiaux peut être difficile au quotidien. Voici quelques ressources de l’Église.

Ce qu’en dit la doctrine sociale de l’Église

La solidarité familiale prend le visage du service

La Doctrine sociale de l’Église (DSE) rappelle à quel point il est important pour les familles de prendre soin de leurs membres fragiles, aînés ou enfants en situation de handicap.

Quelle est la place de la personne fragile au sein de nos sociétés ? Comment apprenons-nous à l’accepter, à vivre avec elle et à l’intégrer ? L’encyclique du pape saint Jean-Paul II, Familiaris Consortio, rappelle que nos cultures occidentales ont conduit « les personnes âgées à des formes inacceptables de marginalité qui sont la source à la fois de souffrances aiguës pour elles-mêmes et d’appauvrissement spirituel pour tant de familles » (§27). Tandis que d’autres cultures manifestent pour elle une « vénération singulière » : « loin d’être bannie de la famille ou supportée comme un poids inutile, la personne âgée reste insérée dans la vie familiale ».

En réalité, rappelle aussi l’encyclique, « la vie des personnes âgées aide à clarifier l’échelle des valeurs humaines ; elle montre la continuité des générations et elle est une preuve merveilleuse de l’interdépendance du peuple de Dieu. Les personnes âgées possèdent souvent le charisme de combler les fossés entre les générations avant qu’ils ne soient creusés : combien d’enfants ont trouvé compréhension et amour dans les yeux, les paroles et les caresses des personnes âgées ! Et combien parmi celles-ci ont, avec empressement, souscrit à ces paroles divines : “La couronne des grands-parents, c’est leurs petits-enfants ” (Pr 17, 6) ! » (§27)

Cette attention pour les personnes âgées, plus généralement pour les plus fragiles, n’a pas disparu. L’épidémie du Covid-19 qui les touche principalement nous rappelle à quel point ils sont précieux. Le temps du confinement a pu aussi être, pour beaucoup de familles, celui de la charité. Comme le rappelle la Doctrine sociale de l’Église, les familles s’expriment « par des manifestations de solidarité et de partage, non seulement entre les familles elles-mêmes, mais également sous diverses formes de participation à la vie sociale et politique. C’est là la conséquence de la réalité familiale fondée sur l’amour : en naissant de l’amour et en grandissant dans l’amour, la solidarité appartient à la famille comme donnée constitutive et structurelle » (DSE, Solidarité familiale, §246). C’est ainsi qu’un membre de la famille peut et doit dans certains cas devenir un aidant pour un autre membre de sa famille souffrant d’une fragilité (handicap ou vieillesse) : « Cette solidarité peut prendre le visage du service et de l’attention à l’égard de ceux qui vivent dans la pauvreté et dans l’indigence, des orphelins, des handicapés, des malades, des personnes âgées, de ceux qui sont en deuil, dans le doute, dans la solitude ou dans l’abandon ; une solidarité qui s’ouvre à l’accueil, à la garde ou à l’adoption ; qui sait se faire l’interprète de toute situation de malaise auprès des institutions, afin qu’elles interviennent selon leurs finalités spécifiques ».

La Doctrine sociale de l’Église porte une attention spéciale à l’enfant : « Cela vaut pour tous les enfants, mais c’est d’autant plus important que l’enfant est plus jeune, ayant besoin de tout, ou qu’il est malade, souffrant ou handicapé » (DSE, Solidarité familiale, §244).

Le billet spirituel

A l’image de la Vierge Marie

La plus célèbre aidante familiale, c’est la Vierge Marie ! L’ange Gabriel l’informe que sa vieille cousine est enceinte ; elle court les collines pour lui rendre visite (Lc 1, 39). Je présume qu’il s’agit pour Marie d’aider Elisabeth en la soulageant de quelque tâche du foyer. Mais peut-être est-ce aussi, pour la future mère de Jésus, l’occasion d’apprendre auprès d’une aînée les gestes essentiels de la maternité.

Les aidants familiaux ressemblent à la Vierge Marie : à la fois ils donnent de leur temps, ils écoutent, ils soulagent, ils réconfortent par leur présence. Mais dans ce service, ils apprennent aussi et reçoivent à la mesure de leur cœur. Le pape François dit que « la maison est un mot à la saveur typiquement familiale, qui rappelle la chaleur, l’affection, l’amour dont on peut faire l’expérience dans la famille. La maison représente alors la richesse humaine la plus précieuse, celle des relations entre des personnes différentes par l’âge, l’expérience mais qui vivent ensemble et qui ensemble s’aident à grandir. »

La patience de la Vierge Marie est un modèle pour les aidants familiaux qui prennent en charge leurs vieux parents ou un enfant porteur de handicap. La vraie grâce, ce serait de pouvoir les uns et les autres, aidants et aidés, s’aider mutuellement à grandir.

Philippe Verdin, conseiller ecclésiastique de la CNAFC

Crédit image : Adobe Stock

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